Relieuse à la ferme
Influencée très jeune par un groupement d’artisans, Béatrice Saillard a toujours voulu exercer son activité professionnelle de manière collective. Elle a donc installé son atelier de reliure d’art au cœur de la ferme familiale à Montoire-sur-le-Loir.
Il y a deux choses dont rêvait Béatrice Saillard, petite : travailler dans le domaine de l’artisanat d’art et exercer son métier dans un cadre collectif. En choisissant la reliure, elle ne simplifiait pas la résolution de l’équation... Mais voilà, passionnée par l’objet livre depuis toujours, elle découvre le travail dans l’atelier d’une relieuse pendant son stage de troisième. Une révélation. L’accord des couleurs, la liberté de création, le toucher des papiers, le choix des cuirs : Béatrice attrape le virus et se retrouve à Paris pour suivre un CAP puis un brevet des métiers d’art. Trois années qui suffisent à lui prouver que « la ville n’est pas ce dont [elle] rêve ». Reste que travailler comme relieuse d’art est plus facile en ville qu’à la campagne. Elle suit des stages à Tours, travaille au centre de conservation de la bibliothèque nationale à Sablé-sur-Sarthe (72) et pour la bibliothèque nationale à Vilnius, en Lituanie. Jusqu’à ce que sa vie personnelle la ramène aux sources, en vallée du Loir.
Diversifier l’espace ferme
Très vite, la jeune femme se rend à l’évidence : si elle veut continuer à exercer son métier, elle n’a pas d’autre choix que de créer son propre atelier. Ce qu’elle fait en février 2018. Mais le rêve d’exercer dans un espace pluridisciplinaire la taraude toujours depuis que, plus jeune, elle a découvert le collectif « Les Moulins de Paillard » à Poncé-sur-Loir (72). « Il y avait plein d’artisans au même endroit, je trouvais ça super ! » Et puis, en revenant sur le territoire de son enfance, Béatrice veut s’inscrire dans la dynamisation du paysage local. Alors, c’est finalement sur la ferme de la Petite Forêt, où elle a grandi, à Montoire-sur-le-Loir, qu’elle installe son atelier. Alors que l’un de ses frères reprend la ferme, celle-ci est en pleine diversification : chèvres, moutons et atelier de taille de pierre. Pourquoi pas un atelier de reliure ? Surtout, il y a l’ancien poulailler qui la fait rêver depuis longtemps. Une campagne de financement participatif lui apporte le coup de pouce nécessaire pour la restauration du bâtiment. Après plus de six mois de travaux, Béatrice investit son atelier en juin 2019.
Multiplier les partenariats
Dans ce lieu rénové, la jeune relieuse restaure d’anciens ouvrages pour particuliers et professionnels tout en créant des articles contemporains inspirés par les travaux de Louise Bescond ou les dessins de Thierry Vernet. Et si son travail reste solitaire, elle multiplie les projets avec d’autres artistes locaux, comme la photographe Sandra-Vanessa Liégeois avec qui elle a réalisé une série de carnets ou la graphiste Léa Taloc qui a illustré ses carnets de cuisine.
Alice Enaudeau
photos : Cyril Chigot
